• Comment mettre en place des ateliers ?

    Voici quelques pistes pour organiser des ateliers dans sa classe.

    Le temps et l'espace.

    Combien de temps pour chaque atelier ?

    La réponse est pour moi claire et précise : 20 minutes.

    Pourquoi pas plus ? Parce que pour les ateliers autonomes ou occupationnels, la déconcentration et la lassitude commencent à se faire ressentir au bout de 20 minutes. De plus si on compte 3 ateliers sans le professeur, ça fait beaucoup de temps seul pour l'élève.

    Pourquoi pas moins ? Parce que le temps de se mettre en place, de passer voir tout le monde à l'atelier dirigé, 15 minutes sont vraiment justes.

    Combien d'atelier ?

    Je fais généralement 4 ateliers.

    Pourquoi pas plus ? Parce que plus d'ateliers permet certes de mettre moins d'élèves dans chaque groupe mais allonge de 20 minutes le temps consacré aux ateliers si on veut faire tourner tout le monde. Et 4 ateliers de 20 minutes font quand même 1h20 ce qui est déjà assez long surtout qu'avec 1 atelier dirigé sur 4 cela fait 3 ateliers (1 heure) où les élèves seront seuls.

    Pourquoi pas moins ? Parce qu'après cela fait de gros groupes d'élèves.

    Combien d'élèves par atelier ?

    Je pense que 6 est un bon nombre.

    Pourquoi pas moins ? Parce qu'ensuite le nombre de groupes risque d'être important selon l'effectif de la classe et allonger le temps consacré aux ateliers. Avec 24 élèves, des groupes de 6 ça donne 4 groupes.

    Pourquoi pas plus ? Evidemment parce qu'il est difficile à beaucoup de se mettre autour d'une table, de donner la parole à tout le monde, de passer voir chacun. Il m'arrive malgré tout d'avoir des groupes de 7 élèves si l'effectif est plus important.

    Organisation spatiale.

    L'idéal je pense est d'avoir des tables sous forme d'îlots. Cela permet de mettre le matériel au milieu et que chacun se serve en évitant d'avoir à se lever. Si ce n'est pas le cas il faudra au moins clairement définir quelle rangée de table correspond à quel atelier. Un atelier peut également avoir lieu dans le coin BCD, dans le coin informatique etc.

    Mise à jour 15/10/14 : Dans ma classe je n'arrive pas à caser 4 îlots donc j'ai deux L symétriques de chaque côté et deux îlots au milieu. Comme cette année j'ai 14 CE2 et 9 CE1, j'ai du faire un groupe mélangeant CE1 et CE2. En cas d'atelier spécifique à chaque niveau je répartis les CE2 dans les 2 autres ateliers.

     

    Quand faire des ateliers ?

    Il y a globalement 2 méthodes :

    1- On concentre les 4 ateliers à la suite.

    Avantages : Le matériel est prêt sur chaque atelier.

    Inconvénients : Ce temps d'autonomie peut être long.

    2- On étale les ateliers sur la semaine.

    Avantages : Le temps de l'atelier est court, il n'y a pas de rotation.

     

    Inconvénients, il faut mettre tout le matériel en place à chaque fois.

     

    Mes 3 types d'ateliers :

    Les ateliers occupationnels.

    Exemples : dessin, lecture libre, ordinateur (logiciels divers), jeu de société, jeu de construction...

    Pourquoi "occupationnels" ? On peut bien sûr toujours leur trouver des objectifs d'apprentissage, et même les relier à des compétences du socle commun (ce que l'on ne manquera pas de faire en cas d'inspection bien sûr). Mais étant donné que je n'évalue pas forcément les compétences acquises, que la progression n'est pas vraiment construite, que je n'aurais peut-être pas fait ces activités si je ne voulais pas trouver des ateliers, j'estime qu'ils sont "occupationnels".

    Les ateliers autonomes.

    Exemples : apprentissage des mots invariables, apprentissage des tables de multiplications, entraînement au calcul écrit, rallye-lecture, calcul mental ...

    Dans ces ateliers par contre les apprentissages suivent une progression précise (celle du plan de travail ou personnelle), j'évalue les compétences travaillées, j'aurais de toutes façons travaillé ces notions. Ils sont donc beaucoup moins libres que les ateliers occupationnels, leur utilisation nécessite un apprentissage plus complexe.

    Les ateliers dirigés.

    Exemples : ateliers de géométrie, découverte de notions, entraînement guidé (manipulation du dictionnaire, calcul posé ...), résolution de problèmes...

    Dans ces ateliers le rôle du professeur est essentiel.

    Mettre en place progressivement les ateliers.

    Vous le savez, le fonctionnement classique c'est : un atelier dirigé avec des ateliers autonomes.

    Mais je trouve que commencer directement comme cela pour des élèves n'ayant pas l'habitude est difficile et risque fortement de se solder par un échec qui va décourager le professeur.

    ETAPE 1

    Je préfère donc plutôt commencer par des ateliers occupationnels uniquement. Dans ce cas les objectifs seront les suivants :

    - découvrir le fonctionnement de chaque atelier (même s'il est assez simple pour des atelier occupationnels), le matériel, ce qui est demandé etc.

    - savoir être calme, parler doucement 

    - savoir ranger un atelier

    - savoir "tourner", savoir dans quel atelier on va au signal

    Comme il n'y a pas d'atelier dirigé, le professeur va d'un atelier à l'autre pour reprendre les élèves bruyants, faire ranger, expliquer comment faire etc.

    ETAPE 2

    Lorsque les principes des fonctionnements en ateliers sont acquis, on pourra introduire un atelier dirigé. Cet atelier sera en réalité un futur atelier autonome pour lequel le professeur formera le groupe. On pourra reprendre plusieurs fois de suite cet atelier en augmentant au fur et à mesure l'autonomie :

    - la première fois tout est guidé

    - la deuxième fois on laisse les élèves faire mais on reste à côté pour corriger les erreurs

    - la troisième fois on peut aller voir les autres ateliers mais sans en prendre un autre en dirigé pour pouvoir revenir éventuellement en cas de problème.

    Puis quand l'atelier tourne bien, l'atelier devient véritablement un atelier autonome

    ETAPE 3

     

    On a désormais par exemple 2 ateliers occupationnels, 1 autonome, on peut donc en faire un nouveau en dirigé. Qui pourra éventuellement être un futur autonome. L'idéal est d'arriver à 1 dirigé, 2 autonomes et 1 occupationnel. On pourra éventuellement arriver à 3 autonomes mais ce n'est pas facile.

    Les changements d'atelier.

    Il faut au départ bien expliquer pour chaque atelier :

    - le lieu

    - le matériel

    - ce qu'il faut faire

    Ensuite définir quel groupe d'élève va à quel atelier.

    Puis on peut définir d'un sens de rotation, ou alors utiliser une roue comme celle-ci :

    Comment mettre en place des ateliers ?

    Vous remarquerez que les ateliers ne sont pas fixes, car je les change très régulièrement.

    Par contre mes groupes d'élèves (couleurs) sont fixes. Dans la classe il y a 2 îlots centraux et deux L aux extrémités qui forment les 4 groupes. Pour les ateliers ils changent bien sûr de leur place habituelle selon l'atelier.

    A chaque changement je dis d'abord "rangez les ateliers", ils remettent donc tout en place pour le groupe suivant. Puis quand je vois que tout est rangé, je tourne la roue et je dis "changez d'atelier".

     

    Edit 11/10/14 : Des étiquettes d'ateliers un peu plus sympas que sur la photo (avec dessins) :

    Télécharger « etiquettes ateliers.pdf » 

    Comment mettre en place des ateliers ?

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Mercredi 25 Juin 2014 à 08:31
    Merci pour ces explications. C'est en fait très proche du fonctionnement en maternelle. Mais adapté aux plus grands en restant dans une dynamique de différenciation. Pour le contenu, du coup, tu travailles plusieurs notions en même temps, si j'ai bien compris. Et les supports, plutôt des jeux ou aussi des fiches?
    Encore merci pour ce partage, cela a clarifié mes propres attentes en terme d'organisation de la différenciation.
    2
    Mercredi 25 Juin 2014 à 09:52

    De rien Souze ! Oui il n'y a pas de thème commun aux ateliers, ils sont complètement indépendants. Des jeux ou des fiches ? Je ne sais pas trop quoi répondre, pour les multiplications ce sont les dépliants des permis de mutiplier, pour les mots invariables, les pochettes et les caches, pour les calculs posés des cartons auto correctifs. Il peut y avoir aussi des fiches mais alors dans une pochette plastique pour pouvoir effacer et ne pas corriger, c'est plutôt dans les ateliers dirigés. Des jeux sont possibles comme Folix (mais il faut que je réfléchisse à faire une version en noir et blanc sinon ils ne jouent qu'avec les couleurs). Après il y a les ordinateurs, les livres.

    3
    pooniaz
    Mardi 1er Juillet 2014 à 18:18

    Bonjour! Merci pour tes explications! J'ai l'impression que tu as couché clairement les idées qui trottent dans ma tête! Je vais avoir une classe aux profils hétérogènes, je me vois bien dans ce fonctionnement! Le "hic" c'est le timing! Va falloir que je m'y tienne!

    Pour folix, je demande à mes élèves de noter les multiplications sur leur cahier de brouillon tout au long de la partie: je laisse une affiche couleur/nombre,  ça les oblige à verbaliser la multiplication "bleu c'est 2 et rouge c'est 6, 6x2=12 ou 2x6=12". A force ça finit par rentrer!

    4
    Mardi 1er Juillet 2014 à 19:59

    Bonjour pooniaz !

    C'est clair que le timing c'est dur de ne pas étaler l'atelier dirigé ... Comme je les fais beaucoup à la BCD et que j'ai des contraintes horaires précises, je n'ai pas le choix. Je retiens l'idée pour Folix !

    5
    chaperli
    Jeudi 24 Juillet 2014 à 00:12

    Bonsoir, je suis très intéressée par ton fonctionnement en ateliers, et merci pour cette présentation très claire.

    J'aurai tout de même quelques questions : Les ateliers autonomes sont-ils en auto-correction ? Dans ce cas, vois-tu ce que les élèves ont fait, s'ils ont réussi ou pas ? Si non, comment/quand corriges-tu ?

    6
    Jeudi 24 Juillet 2014 à 20:00

    De rien Charperli, heureux que ça te soit utile ! Les ateliers autonomes sont en effet en auto-correction (pour les exemples que j'ai mis, tout est expliqué dans les articles) mais c'est vrai qu'il faut tout de même les suivre de temps en temps en ayant pas d'atelier dirigé par exemple. Il est bien aussi de faire des évaluations pour vérifier où en sont exactement les acquis et repérer les élèves qui stagnent.

    7
    Koutchoulou
    Lundi 11 Août 2014 à 19:03

    Enfin !  C.est exactement les infos que je cherchais.Merci infiniment pour votre démarche qui est très concrète et les explications d.une grande clarté. Je me demandais cependant comment vous formiez vos groupes. Sont-ils par niveau de classe, homogènes ou au contraire hétérogènes ? Autre question comment êtes vous sûre que chacun travaille dans les groupes et si l'un d'entre eux n'est disons "guère motivé" comment intervenez- vous? Bravo pour votre site!

    8
    Mardi 12 Août 2014 à 11:43

    Merci Koutchoulou ! Pour les  groupes je ne mélange pas les niveaux (CE2-CM1 par exemple) mais je mélange faibles et forts dans un même groupe. Ceci dit je pense que ça dépend du contenu des ateliers. On peut certainement aussi mélanger les niveaux ou au contraire séparer faibles et forts pour leur donner des ateliers un peu différents. Pour savoir si tout le monde travaille, ça s'entend généralement au bruit. Il est plus difficile de repérer un paresseux silencieux. Si des élèves ne sont pas motivés par les ateliers ou n'en respectent pas les règles ils font alors autre chose (exemple : "tu n'arrives pas à travailler les tables ou les mots invariables  avec les dépliants sans bavarder, tu n'aimes pas cette méthode, en voilà une autre alors, tu copies 20 fois chaque table/mot invariable sur ton cahier de brouillon et tu viens me le montrer à la fin"). Pour les garder motiver c'est bien aussi de changer d'atelier régulièrement.

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